Archives de catégorie : Gérard m’a Mullier !

À la queue feuleu !

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Qu’il sagisse d’abonnements en tous genres (Internet, télé, téléphone mobile, sport…), de machines presque offertes au début mais ne fonctionnant qu’avec les recharges officielles, ou de nécessité présentée comme impérieuse d’updater régulièrement la version d’un objet phare, créer la dépendance pour s’assurer de la fidélité est partout. 

Et les feuleu, ils ont quoi ? Vous allez me dire que la GMS a les cartes de fidélité tous produits et des programmes de reward chirurgicale pour ça. Vous enchaînerez sur le caractère périssable à court terme de la grande majorité des F&L, qui fait revenir tout seul. Et vous finirez sur la tarte à la crème de la qualité fidélisante. C’est un peu court, jeune homme. Les cartes de fidélité fonctionnent peu pour les F&L 1ère gamme, la caractéristique périssable fait certes revenir mais pas forcément chez vous et la qualité est un dû, un minimum, pas un exploit, pas un plus. Je m’intéresserai prochainement dans ma rubrique à ce qui pourrait commencer à créer de la dépendance.

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« Aie confiance… »

©Photo Xdr

Même le plus mauvais coach (j’hésite entre un des 12% de tocards ayant planté son BAC en 2019 et s’improvisant « coach de vie », un consultant fonctionnaire de l’APEC et un indécrottable généraliste de Michael Page…) sait au moins que le socle de toute démarche commerciale un tant soit peu pérenne est la confiance. 
Et donc, je me demandais, compte tenu des difficultés manifestes rencontrées par les différents intervenants pour la bâtir, si nous n’aurions pas ici le point bloquant majeur de notre Filière et, surtout, la matrice des dérives crispées, nées de ce manque, qui l’empêche de longue date maintenant de mieux fonctionner.
Prenons 3 exemples rapides et riches de sens :
1 – Le contrôle qualité
La confiance n’exclut pas le contrôle mais… au vu de la nécessité économique de limiter l’empilement des coûts à différentes étapes pour rester compétitif, elle aurait en l’espèce tout intérêt à pouvoir le faire ! 
Même si une marchandise peut toujours un peu « bouger » entre le départ station de conditionnement et la livraison plate-forme/magasin (problème de température, camion mixte, retard logistique, stockage plateforme,…), il y a tout de même un paradoxe chargé de méfiance à devoir rémunérer deux équipes qualité, à l’amont et en aval, ne se connaissant/côtoyant presque jamais, communiquant par mails interposés, et pour faire finalement le même travail à quelques heures d’intervalle. A part pour quelques enseignes britanniques qui ont du mal à intégrer que la Couronne ne règne plus sur le monde, et qui ont cru bon de réinventer l’eau chaude pour leur Earl Grey, ces équipes qualité utilisent théoriquement les mêmes outils/tests/indicateurs/grilles de lecture pour juger de la qualité d’un lot et de sa conformité aux spécifications enseigne. Et d’ailleurs, pourquoi bâtir des spécifications enseigne quand la seule normalisation est déjà plus complexe et aussi difficile à suivre qu’une interview de Houellebecq ? Et bien, c’est très simple , prenez le temps d’examiner quelques produits en rayon et vous comprendrez. Entre le pitufo de fraises d’Espagne ou Miss Camarosa planque plus de culs blancs dans le fond du plateau qu’un début juillet à trousse-chemise, les plateaux 2 rangs de pommes ou on mélange avec la 1 bis voire la 2, les mélanges de salade 4G 1er prix et MDD façon herbe à vache pour pouvoir faire toujours moins cher, les filets/girsacs de pomme de terre ou d’agrumes masquant et trichant sur la couleur de la maille… la production est très créative quand il s’agit d’en mettre un petit coup et certains produits sont aussi maquillés que Jane Fonda avant un shooting pour « Oldie but Goldie ».
Ici, le sempiternel « si on fait pas ça, on s’en sort pas et ça part à l’industrie » du pov’ petit producteur ne m’intéresse pas. Je souligne simplement le manque de confiance sous-tendant ce coûteux double contrôle. Il règne sur la Filière une ambiance type guerre des polices qui n’est profitable à personne…
2 – L’analyse cost +
Concernant la demande d’une majorité d’enseignes de recevoir avant, comme base préparatoire à la négo, les coûts de production décortiqués à la ligne, vous pensez que c’est pour le seul plaisir des acheteurs de plonger contraints et forcés dans la complexité d’un monde de la production qui n’est pas exactement le leur ou plutôt parcequ’ils n’ont plus confiance dans les éternelles jérémiades – tout augmente ma p’tite dame Michu ! – des piètres vendeurs de la production, toutes espèces confondues et quelle que soit la campagne ? Et tant pis s’ils ne comprennent pas vraiment les données tronquées fournies par la production, certains fournisseurs croyant malin d’ajouter de l’encre dans la bouteille, là encore, je note une absence de confiance. Personne ne demande à connaître le prix des ingrédients des plats à la carte d’un restaurant…
3 – Tu m’as pas envoyé tes prévs !
Troisième et dernier exemple : les fameuses prévisions que j’entends depuis un quart de siècle les stations réclamer aux vendeurs, les vendeurs quémander aux acheteurs, les acheteurs tenter de glaner auprès des magasins (pour les enseignes d’intégrés au moins…), les Chefs de rayon interrogeant chaque responsable d’îlot… c’est vraiment pour mieux commander ou plutôt pour s’assurer que le destinataire d’un volume ne va pas disparaître des lignes d’appro au premier fax de dégagement dégainé par le Van Dijk de service écumant chaque semaine les quais des ports du Nord avec ses gagneuses ? Même si la prévision en question n’a aucune valeur juridique réelle, elle peut quand même servir, en l’absence de confiance établie, pour honorer la parole donnée (Arnauld, si tu nous lis, rappelle-toi, ça ne nous rajeunit pas, la promo de Victo…).
Je pourrais allonger la liste des exemples de choses que nous subissons par absence de confiance mais ces 3 là suffisent je pense à illustrer mon propos.
Le temps est venu pour la Filière d’arrêter la partie de « Je t’aime, moi non plus » et de travailler humblement à rebâtir la confiance. Nul doute que l’on abordera le respect des spécs, la transparence des coûts de chacun (tordant au passage le cou à l’idée d’une distribution qui « se gave »…), les achats tournants et leurs ravages, mais bien d’autres thématiques encore qui nous ronge. D’ailleurs, les alliances fournisseur/distributeur type Nature’s Pride et Bama ouvrent clairement des perspectives sur ce que devient une relation quand elle est empreinte de confiance et bâtie sur des intérêts partagés…

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Thithilliez et Gros Minier

Petit ajout à mon agacement récent au sujet des stéréotypes du thriller d’aujourd’hui et des tentatives pitoyablement racoleuses des éditeurs pour tenter de faire sortir de l’anonymat l’incontournable duo de flics marqués par la vie, qui finiront par s’aimer et découvrir ce qu’ils n’auraient peut-être pas dû…
Lancement radio, à une période très concurrentielle, puisque sortent aussi les bien moins lisses Grangé et Thilliez, du dernier Bernard Minier.
Message : « Un thriller qui ne ressemble à aucun autre ! » Le genre d’accroche aussi crédible que « mains propres, tête haute » de feu le Front National ou « pas de hausse d’impôts » d’un président français. Pourquoi ? Il n’y a pas, à part peut-être un Dan Brown post Da Vinci Code, plus formaté et recyclé que Bernard Minier. Bien documenté, bien construit, pas mal écrit mais d’un chiant !
Qu’est ce qu’ils nous manquent, le patron de revue anti extrême droite et la cyberpunkette aussi boudeuse que son tatouage de dragon… Stieg, reviens, il sont devenus mous !
P. S. : j’ai vu aussi passer une pub pour « Amor », par l’auteur de « Smór ». Vivement la suite… Schmurt !

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Dentastix

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Je ne pense pas avoir une haleine comme un beauceron de 12 ans. Je ne crois pas afficher une denture façon Ribéry après avoir rogné l’os de sa côte dorée (pour une fois qu’il y a quelque chose de fin chez un footballeur…) ou sourire comme Shane MacGowan (artiste par ailleurs extrêmement talentueux) aujourd’hui. Toujours est-il que mon supermarché a manifestement pensé à moi en m’adressant un coupon de réduction pour… Dentastix !


Enfin une lueur d’espoir pour notre capacité à échapper de temps en temps au flicage marketing qui pense savoir à peu près tout de nous, façon Big Brother dunnhumbysé. La machine infernale peut donc encore se fourrer le doigt dans le télécran, car je n’ai ni chien ni chienne à la maison (notez que, dans les 2 cas, je le regrette).
Alors, pour ceux qui ne connaissent pas Dentastix, il s’agit d’une sorte de friandise censée remplacer la brosse à dents du chien (alors que nos mamans s’évertuaient à nous inculquer le contraire quand nous étions gamins) pour l’hygiène buccodentaire. Elle permet de faire un bisou bisou à son chien chien sans affronter une odeur façon charnier fraîchement machetté après une émission particulièrement motivante de radio mille collines…
Une fois passé l’intérêt pour un des nouveaux produits de mon tout premier employeur, la formidable machine de guerre Unisabi, je m’interrogeais donc sur le pourquoi de ce ciblage et, même en cherchant, j’en suis juste arrivé à la conclusion que l’manicraque l’avait cor’ beugué!
Eh bien, sans mauvais jeu de mot, c’est bête mais ça fait du bien de savoir qu’on peut encore passer entre les mailles du filet.

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La réunion équitable

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Pour le Fair Trade, on doit partager plus équitablement le revenu. Pour les réunions, il s’agit souvent de répartir plus justement le temps de parole. Vous connaissez tous les travers qui existent depuis la nuit des temps dans toutes les enseignes : envolées lyriques, à base de « parcours client » ou de « réenchanter l’hypermarché », dont l’élégance littéraire n’a d’égal que l’inaction en découlant, thématiques serpents de mer dont on parlait déjà en vieux François, parole monopolisée par les suce-boules de service qui ont préparé une petite liste de questions (et de piques !) et qui, tels une peluche de basset sur la plage arrière de la R16, hoche la tête d’un air habité à chaque fois que le Directeur dit quelque chose (je vois d’ailleurs une analogie de mouvement avec un autre que la morale m’interdit de détailler plus avant…)… Depuis bientôt 25 ans, je rêve d’une réunion où les participants utiliseraient des pendules à bouton buzzer comme pour les parties d’échecs façon blitz ou d’une coupure possible du micro en cas de propos jugés inintéressants par la majorité, à la Klaxoon…

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Même pas en grève !

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Assurément, il n’y a qu’en France qu’on pouvait penser à ça : une start-up qui met au point une machine à compter les manifestants ! Restons positifs : cela nous évitera peut-être, pour la prochaine Pancarte Party, la pitoyable surenchère entre les organisateurs, avec l’honnêteté d’un vendeur d’épices sur un marché provençal, et la police, ses faiblesses congénitales en calcul mental étant connues. D’ailleurs, je ne critique aucunement la conception d’un produit répondant à un besoin on ne peut plus réel – c’est l’essence même de tout business –, mais suis juste triste pour mon pays que ça arrive chez nous.
Mais pourquoi ne pas aller plus loin et faire bosser la R&D sur toutes les petites mesquineries dont la mentalité franchouillarde a fait socle ? A quand une application pour poser, dès le 2 janvier, directement, tous les ponts de l’année sans consulter ses collègues et en complétant si besoin les viaducs avec quelques jours enfant malade ? Pourquoi pas une Plouc Box pour tous les blaireaux en demi-pension en village de vacances et qui bourrent le sac à main de maman au petit déjeuner de mauvaises viennoiseries pour tenir jusqu’au buffet de pâtes du soir ? Je propose aussi un site « Balance tout le monde ! », vieille tradition française (mamie, elle, devait écrire à la Kommandantur !) qui permettrait aux jaloux, aux aigris, aux chiennes de garde, de dénoncer à tour de bras,… Pourquoi mon agacement ? Simplement parce que, pour avoir pas mal voyagé, il n’y a vraiment qu’en France qu’on retrouve aussi développé ce chromosome du jamaiscontent et du commentjegruge….

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On se fait un plan cru ?

© Photo Xdr

Le cru est à la mode. Même si on risque de se retrouver avec le transit intestinal comme si on venait de se faire L’exorciste version longue dans un chalet de haute montagne avec les toilettes dehors, les steaks tartare et les carpaccios sont une valeur sûre du bistrot. Poisson idem. Même s’il y a autant de poisson dans les sushis industriels que de vraie truffe sur les marchés du Périgord, les sushis cartonnent. Pourquoi n’arrivons-nous donc pas surfer sur cette tendance et à promouvoir des associations culinaires autres que les sempiternelles frites et le certes difficilement remplaçable riz ? Après tout, la fonction d’accompagnement des légumes est un des moyens de promouvoir la consommation, non ?

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Et si on jouait à cache-casse ?

Pour gagner de l’argent, il faut d’abord ne pas en perdre. Derrière cette lapalissade se cache pourtant un des grands fléaux de notre Filière et c’est pourquoi la chasse aux coûts cachés est ouverte. Or les gens en charge ont souvent une mauvaise acception du terme et tirent sans discernement sur tout ce qui coûte. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur les fausses économies telles que le gel de la maintenance préventive des frigos, tirer la qualité des sachets vers le bas, ne pas affecter quantité et qualité de ressources humaine pour la tenue des rayons… On note aujourd’hui un paradoxe criant au niveau des intervenants : ceux qui ont démarré comme hard discounters sans fioriture investissent pour surfer sur la vague de la proximité en devenant des spécialistes des Produits Frais, et les « grands » qui avaient une certaine légitimité en FL taillent sauvagement dans les frais et continuent à perdre des parts de marché.

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Je vous en mets combien ma petite dame ?

© Photo Filpack

Juste un petit ajout à mes papiers sur la nécessité d’être capable de conditionner des spécifiques pour nos clients GMS et l’indispensable recherche de valeur ajoutée. J’ai appris la semaine passée que certains éditeurs proposaient maintenant aux libraires, grâce à une machine à imprimer spécifique, des séries de livres de… 1 exemplaire ! Service au client qui attendait en vain une hypothétique réédition d’un texte et se voit proposer du sur-mesure, défense du support papier et de la boutique dans un univers de plus en plus kindlelisé et dématérialisé, pas de stock coûteux à gérer voire d’invendus à détruire, livre commandé/ réservé et « vierge » (c’est-à-dire sans les 34 bactéries des livres que tout le monde a tripotés en magasin, plus sales qu’une poignée dans le métro à Châtelet !) quand le client vient le retirer… La liste des intérêts et des avantages est longue.
Et pendant ce temps, pour notre Filière, toujours l’éternel débat sur la multiplication des emballages et les difficultés à la gérer. Les vendeurs travaillent-ils aujourd’hui à une machine qui permettrait d’imprimer et de façonner à la demande des micro-séries de cartons ? de produire des sachets imprimés aussi facilement qu’un tissu ? La solution est probablement par là…

 

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Catégorie dans la brume

Mangez des fruits et légumes, ok ? ©Photo Canal + /Braquo

Vous savez pourquoi le genre du thriller est de plus en plus associé à des auteurs étrangers ? Pourquoi on suit maintenant les traces ensanglantées laissées par l’inévitable tueur en série de Carisi dans les vieilles rues pavées de Rome ? Pourquoi on se laisse entraîner sur les landes giflées par le vent polaire de Lackberg ? Pourquoi Montanari a connu le succès, certes de façon éphémère mais aiguë ? Simplement parce que le genre, souvent cantonné aux mêmes pays/capitales, englué de fait dans les mêmes univers, s’épuisait. Alors, les maisons d’édition, voyant les ventes diminuer, ont été sourcer ailleurs de quoi se renouveler, même s’il ne s’agissait quelquefois que d’une simple traduction. Le simple fait de camper des personnages dont le nom ressemble à une quinte de trachéite, de les habiller d’une doudoune plutôt que d’un imper (ancienne école) ou d’un bomber (nouvelle école), suffit à insuffler le petit côté inédit et à changer d’ambiance pour y camper le pomelodrame. Même les quelques très bons Français que nous avons s’y sont mis. J’en veux pour preuve l’excellente trilogie Maori de Ferey ou le Captain Morgan coule autant à flot que le sang des membres tranchés au coupe-coupe pour alimenter le barbecue, le goût manifeste de Thilliez pour les paysages désagrégés des anciennes républiques soviétiques… Idem dans les séries, Caplan passe d’une saison à l’autre de Braquo de la mafia russe à la turque (finalement, il suffit de changer les nombreux « stuka » en « pislikier »), Gomorra cartonne et El Marginal arrive. Bref, on sait très bien se renouveler et les lecteurs/téléspectateurs restent accrochés.

Et, pendant ce temps, les plans promos FL sont les mêmes depuis la Huitième Croisade. Il faut repasser sur le chiffre, même s’il était déjà en retrait, alors prise de risque minimale du CatMan qui propose le énième remake des tracts en mauvais papier, les radios diffusent les éternelles niaiseries (avec les 2 blondes qui n’en reviennent toujours pas que la tomate grappe soit fracassée à 0,99 ou la cerise à 3,50, avec l’inévitable humour à 2 balles « lâche-moi la grappe ! » ou « on va se refaire la cerise ! »). Je n’ai jamais compris qu’un étal avec une telle quantité d’espèces, de variétés, d’origines, de terroirs, de formes, de couleurs, d’odeurs et de saveurs engendre toujours les mêmes prises de parole. C’est bien joli de s’extasier devant le local, mais le consommateur de FL aussi veut voyager. Inspirons-nous donc un peu de ce qui nous entoure. Un peu d’audace…

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